Les champs * sont obligatoires

Voyage de Chihiro (Le)

Hayao Miyazaki | 2002 | Japon

Résumé du film

Chihiro est une petite fille de dix ans, grincheuse et gâtée, recroquevillée à l’arrière de la voiture de ses parents. Ils approchent de leur nouvelle maison, et elle est triste de quitter sa vie d’avant. Par erreur, s’étant engagés dans une « forêt obscure », ils se retrouvent dans un parc de loisirs abandonné. Par goinfrerie, ayant perdu la « voie droite », le père et la mère sont magiquement transformés en cochons. Chihiro est alors brutalement embarquée dans un cauchemar incompréhensible au royaume des ombres. Elle devient l’humble travailleuse, d’abord clandestine puis sous contrat – mais la patronne est une sorcière diabolique – d’un immense établissement de bains anachronique, qui oeuvre au repos temporaire des innombrables esprits de la nature de la tradition shintoïste.

Rien n’est normal dans cet univers tantôt sous- et tantôt surhumain, sauf les règles de la vie en communauté, du travail, de la solidarité, de l’amitié et de l’amour qui, elles, sont rigoureusement celles de notre monde, et que Chihiro apprend très vite et très rudement. Elle parvient à ne pas se laisser réduire, et à conserver son intégrité et sa mémoire alors que son nom même lui est dénié. C’est de cette manière qu’elle se sauve elle-même et parvient à racheter la métamorphose infamante de ses parents, retrouvés au finale comme si rien n’avait eu lieu (… que le lieu lui-même et son animation, dans toutes ses possibilités d’aventure).

Pourquoi ce film a été choisi

Par Benjamin Untereiner des Fiches du Cinéma,

Plus gros succès de l’histoire du cinéma japonais, Ours d’or à Berlin en 2002, Le Voyage de Chihiro est sans conteste l’un des grands films de son auteur. Après Princesse Mononoke, Hayao Miyazaki porte ici son art de l’animation traditionnelle à un point de raffinement jamais égalé, et en profite pour nous conter une histoire universelle. Chihiro, petite fille peureuse car surprotégée par ses parents, va devenir courageuse et déterminée sous l’influence de ses aventures et, surtout, de ses rencontres avec des personnages complexes et ambigus, jamais totalement bons ou mauvais, à l’image de la sorcière Yubaba, qui domine ses employés mais qui tient également ses promesses.

Sous nos yeux émerveillés, c’est l’ensemble du panthéon japonais que Miyazaki convoque ici, du Ryù (dragon associé à l’eau ou à l’air) à l’Esprit des rivières (polluées par les humains, notation écologique de rigueur chez Miyazaki), en passant par les démons Onis et les Dieux- oiseaux qui peuplent le palais des bains. Comme souvent, il mêle avec aisance ces personnages mythologiques à des références plus européennes (la sorcière Yubaba est comme une nouvelle version de la Baba Yaga des contes russes) et à son propre imaginaire (le Sans-visage, symbolisant le Japon contemporain, lui permet une critique de l’argent comme mode relationnel).

L’ensemble parvient, comme peu de films l’ont fait, à recréer, plus encore que leur logique, la texture même des rêves : le voyage de Chihiro, comme celui d’Alice ou de Dorothy avant elle, est surtout celui qui la transporte dans son propre univers intérieur, complexe, mystérieux et parfois inquiétant, afin de construire, peu à peu, son identité.

Lire la suite
Textes issus des Fiches du Cinéma
Les Fiches du Cinéma chroniquent, depuis 1934, tous les films de long métrage qui sortent sur les écrans français. Retrouvez cette immense base de données patrimoniale sur fichesducinema.com

Carte postale numérique


Extrait vidéo