Aventures de Pinocchio (Les)

Par Jef Costello des Fiches du Cinéma,

Entre la version littérale de Walt Disney et celle, métaphorique, de Steven Spielberg (A.I.), Luigi Comencini a pris un angle d’approche plus réaliste de l’histoire du petit pantin de bois. Il restitue les péripéties drôles, picaresques ou tragiques du conte de Collodi avec vivacité et, mine de rien, tente de poser les questions de l’éducation, de l’apprentissage, de la vie en société et du rapport à l’interdit et donc à la loi.

Le Pinocchio de Comencini est un être de nature, taraudé par la faim, égoïste et immature, aveugle aux sacrifices consentis pour lui par son pauvre père. Dans une Italie tout sauf solaire, Pinocchio croise une galerie de personnages hauts en couleur, du fieffé gredin à la fée évanescente. La société, constituée de voleurs et de crapules mélangés aux honnêtes gens, est un abîme pour celui qui n’est pas doté d’un minimum de sens moral. Même la frontière entre l’homme et l’animal semble fragile. Le petit garçon balance, lui aussi,de l’un à l’autre. Ce sont ses expériences qui vont construire Pinocchio, lui permettant de se repérer dans un univers assez fellinien.

Pinocchio est un film-monde par son envergure et son ambition, parfois un peu trop gourmande, de vouloir aborder des thèmes si vastes. Mais c’est surtout un film d’aventure réjouissant, porté par une interprétation magnifique (Manfredi, De Sica, Lollobrigida). Tout cela en se promenant dans les formes diverses du spectacle italien : on y croise un peu de commedia dell’arte, d’opéra et même de néoréalisme. Ce joyau du film pour enfants captera tous les regards, jeunes ou vieux, et ne laissera personne de bois.