Adama

Par Ghislaine Tabareau-Desseux des Fiches du Cinéma,

Adama s’inspire de l’histoire de l’un des tirailleurs sénégalais enrôlés par l’armée française en 1916 : Abdoulaye N’Diaye, mort à 104 ans d’une crise cardiaque la veille d’un 11 novembre où on devait lui remettre une médaille. Son histoire a été transmise oralement du grand-père au petit-fils, avant d’arriver aux oreilles de Julien Lilti et de tomber entre les mains de Simon Rouby. Dans la genèse du film, l’histoire voyage déjà entre l’Afrique et l’Europe, entre le passé et le présent, mêlant tradition orale et écrite, réalisme et enchantement, multipliant les points de vue et les échos.

Il en résulte un récit de voyage initiatique sur fond historique, une émouvante aventure de fratrie, une confrontation des cultures sénégalaise et française et surtout un bel hommage utilisant une forme d’animation novatrice. Du début à la fin, le film est porté par la voix ténébreuse et hypnotique d’Oxmo Puccino, qui incarne le personnage de Djo, musicien et devin, incarnation de la voix de l’Afrique en quelque sorte. Sa flûte traversière peule guidera Adama dans son périple jusqu’à son frère. La trame est simple : il s’agit, à travers la quête du frère, d’aborder la découverte d’un nouveau pays, d’une nouvelle culture.

Ce beau film commémoratif fait ainsi très dignement référence au passé mais aussi à l’actualité. Il résonne entre les paysages doux et chaleureux de l’Afrique, magnifiquement illustrés, et ceux tout aussi froids et lugubres de la France de la guerre de 1914-18. Digne, en ce sens qu’il n’est ni plaintif ni larmoyant, il se contente de montrer une réalité teintée de magie. Adama est un film alchimique, où la noblesse de la culture africaine est personnifiée par un texte très fort.

PS : Le générique d’un film fait partie de l’œuvre, à part entière.