Jeune et Innocent
Résumé du film
Lors d’une dispute, une femme, Christine, gifle un homme qui a un tic : il cligne des yeux... Le lendemain, un jeune homme, Robert Tisdall, aperçoit dans l’eau une femme noyée et part chercher du secours. Il s’agit de Christine qui a été étranglée avec la ceinture du pardessus de Robert. Le manteau a disparu et tout semble accuser le jeune homme. Au commissariat, il s’évanouit : Erica, la fille du Commissaire principal, le ranime. Lors de son passage au tribunal, Robert réussit à s’enfuir en se déguisant avec les lunettes de son avocat. Il commence une enquête pour retrouver son pardessus et se faire innocenter. Il aura une alliée, d’abord involontaire : Erica, qui va l’accompagner avec sa voiture et son chien « Tout Fou ». Après bien des aventures, une bagarre dans un pub, un goûter chez la tante Margaret, une enquête dans un asile de nuit, les deux jeunes gens retrouvent Will, vieux clochard. Il leur raconte qu’un pardessus a été donné par un mystérieux personnage... qui a un tic ! Grâce à une boîte d’allumettes portant le nom du Grand Hôtel, les jeunes enquêteurs (amoureux) et leur ami vagabond sont sur la piste de l’assassin : ils le retrouvent dans un thé dansant où le batteur de l’orchestre cligne des yeux ! Une fois l’homme démasqué, Erica, rayonnante, pourra enfin présenter son fiancé à son père, le commissaire.
Pourquoi ce film a été choisi
Par Louis Roux des Fiches du Cinéma
Ce merveilleux cru "Hitchcock 1937" a gardé toute... sa jeunesse. Tout au long de cette double poursuite où un criminel présumé, serré de près par la police, recherche l’homme qui détient la clé de son innocence (thème très riche et cher à Hitchcock), le réalisateur traite les éléments "mécaniques" du scénario avec son habituelle et superbe désinvolture : le crime, l’imperméable, la ceinture, le cadeau au clochard, la boîte d’allumettes, et en général la vraisemblance de l’intrigue, quelle importance au fond ? Ce qui compte, c’est le reste : c’est cette chasse en voiture, véritable voyage initiatique, c’est le couple Robert- Erica qui se forme sous nos yeux, en quelques séquences admirables (le ravitaillement au vieux moulin, la nuit près de la voie ferrée) ; c’est ce festival des apparences auquel nous sommes conviés, où se déploie l’essence de l’art d’Hitchcock : le regard.
A ce titre, Jeune et Innocent est exemplaire ; c’est en s’affublant des lunettes de son avocat que Robert s’échappe ; c’est grâce aux yeux bandés de la tante d’Erica (que l’on est vulnérable quand on ne " voit " pas !) que le jeune couple s’enfuit de la partie de colin-maillard. Le film s’ouvre et se termine (par un stupéfiant travelling) sur le tic des yeux de l’assassin, instrument de sa perte. Et puis. Jeune et innocent, c’est aussi et surtout le regard de Nova Pilbeam, où passent tour à tour l’indécision, l’énergie, la peur, l’amour; un regard effleuré par le mal, et qui ne devient véritablement lumineux qu’au dernier plan. Le cinéma, on l’oublie parfois, c’est cela : un regard.
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