Jeux d’images
Résumé du film
7 films de Norman McLaren
Opening Speech
À l’occasion du Festival international du film de Montréal, le cinéaste Norman McLaren tente de prononcer un discours de bienvenue, mais un micro récalcitrant l’en empêche.
Hen Hop
Une poule danse et se transforme au rythme d’une musique folklorique canadienne.
Caprice en couleurs
Trois variations cinétiques abstraites associées à une construction musicale jazz en trois mouvements.
Canon
Trois illustrations des principes de la forme musicale du canon: la première réalisée en animant des blocs de bois sur un damier, la seconde en animant des éléments découpés et la troisième en filmant séparément des acteurs pour ensuite les placer dans une même image à l’aide d’une tireuse optique.
Le Merle
Fantaisie visuelle illustrant une chanson traditionnelle québécoise racontant l’histoire absurde d’un merle qui perd une à une les différentes parties de son corps.
Blinkity Blank
Provoquant un étrange feu d’artifice, des formes lumineuses se livrent un combat amical évocant à la fois le jeu et le rituel amoureux des oiseaux.
Il était une chaise
Un jeune homme, qui voudrait bien s’asseoir pour lire un peu, est confronté à une chaise rébarbative. Ce n’est qu’après avoir établi avec elle une relation égalitaire et respectueuse qu’il parvient à ses fins.
Pourquoi ce film a été choisi
Par Christian Berger des Fiches du Cinéma,
Disparu en 1987, l’Ecossais-Canadien Norman Mc Laren est à la fois l’un des plus célèbres, l’un des plus méconnus et l’un des plus créatifs animateurs de toute l’histoire du cinéma. C’est donc peu dire que cette petite mais remarquable rétrospective est importante. Sur douze films, on compte bien six chefs-d’œuvre et cinq excellents moments.
Le programme s’ouvre et se clôt sur deux animations proches. Opening Speech nous montre Mc Laren lui-même, censé inaugurer le festival de Montréal, aux prises avec un micro rebelle : six minutes "keatoniennes", la référence n’est ni hasardeuse ni exagérée. A Chairy Tale est une conclusion-apothéose. Les démêlés de Claude Jutra (admirable) avec une chaise à la fois amoureuse, enjôleuse et farouche sont un constant miracle de finesse, d’invention et de science du gag, enrichi par la musique de Ravi Shankar, jamais redondante.
Quant aux célèbres Voisins (Neighbours), leur parabole pacifiste - deux voisins en viennent à s’entretuer et massacrer les leurs pour la possession d’une fleur, dont les rejetons orneront leurs tombes! - reste d’autant plus forte que l’animation des personnages semble encore d’avant-garde aujourd’hui...
Autre animation avec acteur(s), moins soutenu mais jouant sur un original sérialisme, Canon, où dés, hommes, femme et chats s’ajoutent selon un décalage arithmétique ludique : nombreux effets d’optique, découpages. La technique du découpage donne ici son chef-d’œuvre avec Le Merle, qui se décompose/recompose sur les paroles de la vieille chanson Mon merle a perdu son bec... : pas une seconde sans surprise, une simplicité évidente qui est la marque d’un véritable génie graphique et rythmique.
Hen Hop, très proche de l’univers du Merle a été réalisé en 1942 selon le procédé cher à Mc Laren du dessin, de la peinture et de la gravure directe sur pellicule. Cette technique est utilisée pour plusieurs films, dont on retiendra surtout Begone Dull Care, variations où l’image et le jazz (Oscar Peterson à ses débuts) s’harmonisent avec bonheur, et surtout Blinkity Blank où le tachisme de Mc Laren se met au service de la très stravinskyenne partition de Maurice Blackburn.
Enfin, n’oublions pas l’exercice de style - référence volontaire de notre part à Raymond Queneau - sur les chiffres : Rythmetic, cinq cents secondes d’une rare subtilité de construction, dont le son gravé directement sur pellicule nous réapprend à entendre, tant le moindre craquement est travaillé !
Les Fiches du Cinéma chroniquent, depuis 1934, tous les films de long métrage qui sortent sur les écrans français. Retrouvez cette immense base de données patrimoniale sur fichesducinema.com