Jour de fête
Résumé du film
Ça va être la fête au village ! Les forains et leur manège de chevaux de bois arrivent. Mais il faut installer le mât et on fait appel à « Françouè », le facteur dégingandé, qui organise tout à sa façon ! Quelques heures plus tard, la fête bat son plein. Occasion pour François de faire le pitre aux jeux de massacre et de carabine, mais aussi de passer par le bistrot où les forains s’amusent à lui faire boire force verres. Un de ses collègues l’entraîne voir un film sur les facteurs américains. Leurs exploits éblouissent François : le lendemain, sur les (mauvais) conseils des forains, il débute sa « tournée à l’américaine » : pour distribuer le plus de courrier, le mieux et le plus vite possible, il se livre à une série d’actions extravagantes (coller une lettre sur le front d’un homme ou sous la queue d’un cheval !). Il va même jusqu’à se mesurer aux coureurs cyclistes, mais grisé de vitesse, il finit sa course dans la rivière. François se retrouve sur la charrette de la vieille à la chèvre et finalement, pendant qu’il reprend la fourche pour les travaux des champs, c’est un petit garçon, coiffé de sa casquette, qui finira la tournée du facteur.
Pourquoi ce film a été choisi
Par Christian Berger des Fiches du Cinéma,
”Le 11 mai 1949 [date de la première projection de Jour de fête], Paris, sous le charme, n’éprouvait aucun doute. Un grand auteur comique était né.” (Guy Bellinger, Guide des films, Laffont). Un auteur qui, d’emblée, après quelques courts métrages (dont en 1947, L’École des facteurs, brouillon de la tournée du facteur François), s’imposait comme le plus grand cinéaste comique français depuis Max Linder.
Dans la première version, le village était appelé “Follainville” : depuis, le panneau “Sainte-Sévère” apparaît à l’image, et cette commune berrichonne rend constamment hommage à Tati. Comme tant d’autres chefs-d’œuvre, ceux de Chaplin par exemple, ce film, pourtant on ne peut plus volontairement daté et situé, n’a pas pris une ride et sa magie opère toujours auprès de tous les publics.
Chef-d’œuvre, ce “dosage unique [de] rire, [de] poésie et [de] précieuse et comme involontaire observation sociologique” (Jacques Lourcelles, Dictionnaire du Cinéma, Laffont) l’est à plusieurs niveaux. Celui du pur burlesque, tout d’abord, parfois volontairement brut, héritier de Laurel et Hardy, souvent novateur (les gags récurrents de la guêpe sont des morceaux d’anthologie, tout comme les péripéties de la tournée “à l’américaine”), et où l’image, les cadrages, les angles jouent un rôle primordial.
Un burlesque porté par un personnage étonnant, le facteur François, à la dégaine et au langage inarticulé d’une grande originalité. Enfin, Jour de fête, et ce n’est pas son moindre charme, est le plus chaleureux et pertinent portrait de cette France rurale où gagner frénétiquement du temps semblait absurde, et qui commençait alors à s’effacer.
Les Fiches du Cinéma chroniquent, depuis 1934, tous les films de long métrage qui sortent sur les écrans français. Retrouvez cette immense base de données patrimoniale sur fichesducinema.com