King Kong
Résumé du film
Carl Denham, cinéaste explorateur, part en expédition avec une jeune figurante pour son prochain film, une variation sur le thème de la Belle et de la Bête. Arrivés sur une île mystérieuse et lointaine, la jeune femme est enlevée par les indigènes et offerte à Kong, un singe géant qui règne sur les lieux, et repart avec elle dans la jungle, se battant contre des animaux préhistoriques pour protéger sa Belle. L’équipage part à sa recherche, mais seul Driscoll parvient à libérer Ann des griffes de Kong, qui se lance à leur poursuite, détruit le village avant d’être neutralisé. Exhibé à New York dans un théâtre, le singe géant défait ses liens, détruit tout sur son passage, enlève Ann puis se réfugie au sommet d’un gratte-ciel, où il sera abattu par des avions.
Pourquoi ce film a été choisi
Par Messaline Porchet Attinger, coordinatrice et responsable jeune public du cinéma Le Rex (92)
King Kong a inspiré des générations de cinéastes et est pionnier du genre (on peut penser à Jurassic Park, Alien, Godzilla, sans compter les nombreux remakes). Il illustre le pouvoir du cinéma qui peut créer des mythes de toutes pièces. La scène sur l’Empire State Building de New York a marqué les imaginaires et reste une des représentations les plus célèbres de la ville.
L’univers des enfants est peuplé de monstres et de créatures bizarres. J’éprouve beaucoup de plaisir à leur présenter une figure bien connue de tous. Imaginez leur surprise quand ils apprennent que cette créature mythique a été inventé en 1933 dans un film en noir et blanc ! Car c’est Kong le personnage central, son humanité et ses rapports avec Ann Darrow (la vedette) qui font du film une déclinaison du conte universel de La Belle et la Bête. Les enfants ressentiront beaucoup d’empathie devant cette créature. L’usage de gros plans centrés sur les yeux, le regard permettent de plonger le spectateur dans un face-à-face bouleversant. C’est la magie de la salle de cinéma : des décennies plus tard, le film emporte encore les jeunes spectateurs grâce à son savoureux mélange d’aventure, de fantastique, d’horreur et d’amour. Il permet d’aborder des questions tout à fait modernes comme notre rapport au monde animal, ce qui est homme, ce qui est animal mais aussi ce qu’est la monstruosité.
Le film s’ouvre sur le tournage entrepris par un cinéaste accompagné de sa vedette féminine sur une île sauvage et méconnue, peuplée d’hommes vivants dans des conditions qui évoquent la préhistoire, mais aussi de dinosaures terrifiants. Nous sommes en 1933 et certaines représentations éculées, sexistes et colonialistes, sont à souligner. Mais King Kong est malgré tout un chef-d’œuvre du cinéma d’une ineffable beauté avec ses clairs-obscurs et son ambiance magique.
D’un point de vue technique, le film est passionnant. C’est une pointure à l’époque qui va travailler sur les effets spéciaux du film : Willis O’Brien. Spécialiste de l’animation de marionnettes en stop-motion, on lui doit la création (avec le sculpteur Marcel Delgado) de ce monstre au grand cœur. Il utilise la rétroprojection pour certaines scènes en plan large, mais aussi des reproductions de la tête, des pieds et des bras du gorille en grandeur nature animées mécaniquement. Le film permet donc de faire un trait d’union entre les trucages à la Méliès et les effets visuels aujourd’hui.
La composition originale de Max Steiner fait entrer la musique de films dans l’âge moderne. Chaque personnage a son thème, la musique est mis au service du récit, épouse le mouvement des personnages et souligne le caractère de chacun. C’est important aussi de pouvoir parler du son au cinéma. Outre la musique, c’est tout le travail sur le sound design qui est marquant. On peut évoquer avec les enfants le travail sur les cris : le cri du monstre mixage du rugissement d’un tigre et l’aboiement d’un chien. Mais aussi celui d’Ann Darrow, qui devient le son de l’horreur et cela bien des années avant Hitchcock.