Jeune Fille au carton à chapeau (La)
Résumé du film
Natacha Korostiéleva habite dans la campagne enneigée de Russie avec son grand-père. Elle fabrique chez elle des chapeaux qu’elle apporte chaque jour à une commerçante de Moscou, Madame Irène. Un jour, dans le train pour la capitale, elle rencontre un jeune homme maladroit arrivé de province, Ilia Sneguirev. Quand elle le recroise quelques jours plus tard, il lui avoue qu’il est sans logement. Comme Madame Irène a demandé à Natacha d’habiter chez elle, puisque la loi l’y oblige, la jeune fille a une idée : épouser Ilia pour lui permettre d’habiter ce logement qu’elle ne veut pas occuper. Ilia s’installe chez les vendeurs de chapeaux, qui s’empressent de dénoncer le faux couple. Mais Natacha arrive juste à l’heure de l’inspection et confirme que son couple est bien vrai, allant, sans vraiment le vouloir, jusqu’à passer une première nuit aux côtés d’Ilia, après avoir raté son train. Auparavant, Nicolaï, le mari de Madame Irène, privé d’argent par sa femme, s’est arrangé pour échanger le salaire dû à son employée avec un billet de loterie correspondant au premier emprunt d’État. Il apprend que le billet remis à Natacha lui aurait valu le plus gros des lots : vingt-cinq mille roubles ! Il part donc en train pour le récupérer, poursuivi par Ilia, qui, en réalité, possède le billet. Ilia prend physiquement le dessus sur le commerçant, mais demande à Natacha de divorcer pour qu’elle ne le croie pas intéressé par l’argent. Elle refuse. Le commerçant se fait battre par le caissier de la gare, qui aime Natacha sans que ce soit réciproque. Par erreur, il frappe à son tour sa femme, qui, finalement, lui donne de l’argent pour qu’il achète d’autres billets de loterie servant d’emprunts. Natacha, à qui le caissier a rendu son billet, embrasse Ilia passionnément.
Pourquoi ce film a été choisi
Par Jef Costello des Fiches du Cinéma,
Il serait trop facile de faire saliver les enfants en leur présentant La Jeune fille au carton à chapeau comme un exemple emblématique des travaux de Koulechov sur les effets du montage, ou même de les appâter en notant le jeu outré des comédiens, représentatif des parti-pris du théâtre constructiviste de l’époque.
Considérons ces éléments sous un autre angle, avec des yeux d’enfant. Grâce à un montage rapide, jouant sur l’alternance de plans plus ou moins rapprochés, se dégage une impression de vivacité, de rapidité d’exécution qui fait qu’on ne s’ennuie pas une seconde devant un film d’à peine plus d’une heure, accumulant les péripéties et retournements de situation en un temps record. Le corps des comédiens, leur visage hyper expressif, sont mis à contribution pour que chaque plan ait l’effet le plus percutant, malgré sa brièveté.
Une séquence acrobatique de lavage de vitre nous rapproche d’Harold Lloyd, et la poursuite finale est digne des grands burlesques américains. En résumé, toute cette recherche théorique propre au cinéma soviétique muet, s’exprime non pas par l’intermédiaire d’une œuvre d’avant-garde sèche et austère, mais plutôt sous les traits d’une comédie romantique plutôt fleur bleue contée sur le mode de la fantaisie la plus débridée. L’histoire éternelle de ce garçon et de cette fille qui ne s’apprécient pas, mais se tournent autour, retardant le moment où ils s’avoueront enfin leur amour, occupe encore une bonne partie de l’actualité des salles. Mais rares sont celles menées avec ce dynamisme, cette bonne humeur inventive, autant de qualités qui font de cette Jeune Fille d’hier, un régal pour les jeunes yeux d’aujourd’hui.
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