Prisonnière du désert (La)
Résumé du film
Surgissant à cheval du désert qui entoure le ranch de son frère Aaron, Ethan Edwards revient, trois ans après la guerre de Sécession. Aaron, Martha, leurs filles Lucy et Debbie, leur fils Ben et Martin, un jeune homme adopté, composent la famille Edwards. Le lendemain, Ethan et Martin partent aider les Jorgensen à retrouver du bétail volé. Pendant leur absence, les Comanches attaquent le ranch des Edwards, tuent Martha, Aaron et Ben, enlèvent Lucy (que l’on retrouvera plus tard, morte également) et la petite Debbie. Ce drame va être le point de départ d’une quête, longue de plusieurs années, que Ethan, accompagné par Martin, va mener, solitaire, pour retrouver Debbie. La vie continue cependant, avec ses joies et ses peines, entrecoupée parfois par des retours des deux searchers (« chercheurs »). Ethan et Martin finissent par retrouver Debbie, devenue une jeune fille. Elle est dans la tente du chef comanche Scarr qui l’avait enlevée. Du temps passe encore, avant que les deux hommes, aidés par le pasteur-soldat Clayton, investissent le camp indien. Auparavant, Martin, se sera glissé seul pour ramener Debbie, vivante. Ethan, qui disait préférer tuer sa nièce plutôt que de la savoir l’épouse d’un Indien, la ramène dans ses bras chez ses amis Jorgensen. Il la leur confie avant de repartir, solitaire, comme il était venu.
Pourquoi ce film a été choisi
Par Benjamin Untereiner des Fiches du Cinéma,
Neuvième collaboration Ford / Wayne, La Prisonnière du désert est, disons-le sans détour, un chef d’œuvre. On y retrouve l’humanisme de Ford dans sa description d’une communauté de pionniers (les scènes de repas, de danse, ou de lecture d’une lettre au coin du feu sont admirables de simplicité et de sensibilité) et sa nonchalance rythmique qui permet de faire exister pleinement tous ses personnages.
John Wayne, au sommet de sa gloire, compose un ancien militaire intolérant, solitaire et raciste, dont la violence menace à tout moment d’exploser. Face à lui, Jeffey Hunter défend avec fougue son personnage de jeune cow-boy métis, courageux et plus ouvert aux différences culturelles. Quant à Ward Bond et Vera Miles, ils sont parfaits dans les rôles du vieux révérend attentif à l’équilibre de sa communauté, et de la fiancée patiente mais exigeante.
Film complexe s’il en est, The Searchers n’est pas ouvertement pro-indien (comme le sera Les Cheyennes dix ans plus tard), mais il a le mérite de poser la question de la cohabitation entre deux populations hostiles l’une envers l’autre, et prend le temps de rendre aux Indiens, dans plusieurs belles séquences, la dignité que le western classique leur a trop souvent ôtée.
Le scénario, exemplaire, développe son sujet - la recherche de son âme par un homme solitaire et torturé par la haine - jusqu’à une rédemption inattendue, qui recompose tant bien que mal la famille décimée au début du récit, mais laisse le personnage principal à sa solitude intrinsèque : John Wayne, silhouette se détachant sur fond de désert, c’est sans doute la quintessence du western fordien.
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