vie est immense et pleine de dangers (la)
Résumé du film
Au cinquième étage de l’institut Curie, un hôpital qui est à Paris, il y a un petit service où sont soignés des enfants malades du cancer. C’est là que Denis Gheerbrant, le réalisateur, a préparé puis tourné son film. Cela a duré des mois pendant lesquels il a suivi seul, par petites touches, sans équipe technique, la vie de Cédric, de Steve, de Dolorès... Les traitements pour soigner cette maladie durent des mois, parfois plus, pendant lesquels les enfants partagent leur vie entre l’hôpital et la maison. Le film « documentaire » de Denis nous fait rencontrer Cédric et les autres, entendre leurs réflexions, aborder avec eux les grandes questions que posent la maladie, la souffrance, la séparation d’avec ses parents, l’éloignement de l’école... Et puis, il y a Cédric guéri, et son sourire.
Pourquoi ce film a été choisi
Par Christian Berger des Fiches du Cinéma,
Pendant neuf mois, à partir du début 1993, Denis Gheerbrant a filmé le quotidien des enfants cancéreux et de tous ceux qui les soignent, les entourent, à l’institut Curie de Paris : infirmières, aides-soignantes, parents, médecins, institutrice. Pendant neuf mois, "Denis" était là : " tout ce qu’on peut faire, c’est être là, écrit-il, "être là et... écouter". Un propos limité en apparence, mais le plus difficile qui soit. Denis Gheerbrant est un modeste. Sa caméra suit les gens, sait s’effacer pour mieux les respecter. Les enfants le / la regardent comme naturellement. Rien ici d’une quelconque affirmation de pouvoir par le cinéaste. "Si j’arrivais devant quelqu’un en lui disant " je te filme pour moi ", l’acte n’aurait aucun sens " déclare Gheerbrant. Il a choisi de tourner en 16 mm et non en vidéo, pour éviter-dit-il - "la logorrhée d’images".
Caméra sur l’épaule, il a suivi d’abord Xavier, trop vite "parti" ... Puis s’est plus particulièrement attaché à Cédric, huit ans, venu là parce qu’il avait "eu mal au ventre" et que l’on cherche à le guérir du "pamplemousse qu’il a dans le ventre". Le traitement sera long, pénible ; Cédric guérira. Ce sera aussi le cas de la timide Dolorès, de Steve, mais pas celui de Khalid… Ce qui est extraordinaire, c’est le discours de ces enfants, que Gheerbrant capte, sans le forcer, sans insister (ses questions ont le plus souvent -volontairement- disparu au montage). La manière dont ils parlent de leur maladie (Cédric ne comprend qu’assez tard qu’il a un cancer), des effets du traitement, de leur souffrance. La discussion inattendue entre Steve (le plus âgé, 13 ans) et Cédric sur la responsabilité ou non d’une généraliste qui n’avait pas vu la gravité du mal.
La phrase de Cédric, venue comme ça, qui donne son titre au film : "La vie est immense et pleine de dangers". "Quels dangers ?" entend-on "off" : "eh bien... traverser la rue" ! Car on sourit souvent à ce document pourtant si poignant. A Curie, on joue aussi, on apprend, on rit... on vit. Et le film s’envole parfois loin de l’hôpital. A la fin, Cédric, guéri, congédie la caméra... Ces 80 minutes irriguées d’espoir forment l’un des plus sincères, l’un des plus justes, l’un des plus beaux documents que l’on ait vus depuis longtemps.
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