Garçon et le monde (Le)
Résumé du film
Sur une planète qui ressemble à la Terre, un petit garçon vit heureux entre ses parents et la nature qui entoure leur modeste maison. Un jour, son père prend un train qui l’emporte au loin, à la recherche d’un travail. Souffrant de son absence, le garçon part à sa recherche. Des plantations aux usines, de la mégapole aux bidonvilles, l’enfant fait tour à tour la rencontre d’un vieux paysan et de son chien, d’un jeune ouvrier-tisserand qui est aussi musicien des rues. Il découvre les difficiles conditions de vie de ceux qui ont suivi le même chemin que son père. Plusieurs fois, il croit reconnaître celui-ci. Mais dans ce monde où règnent la consommation, les médias et les militaires, tous les hommes finissent par se ressembler sous leur masque de fatigue et de tristesse. Heureusement, des notes de musique, pareilles à celles que son père jouait à la flûte, lui font aussi croiser la route d’une foule multicolore et nomade dont la gaîté se transforme en un fantastique oiseau géant porteur d’espoir. Au bout de son voyage, le garçon qui est devenu adulte, revient à la maison de ses parents. La graine qu’il avait semé enfant est maintenant un arbre. Il n’a pas trouvé son père. Mais une vie nouvelle anime la campagne alentour où les hommes sont revenus cultiver leur terre.
Même silhouette, même bonnet : est-ce un hasard si le garçon devenu adulte ressemble au jeune ouvrier rencontré dans le bus ? Et si l’arbre, près de sa maison, est semblable à celui où le vieil homme et son chien ont trouvé refuge ? Marchant sur les traces de son père, le garçon serait-il parti à la recherche de lui-même ?
Pourquoi ce film a été choisi
Par Ghislaine Tabareau-Desseux des Fiches du Cinéma,
Cristal du long métrage et Prix du jury au festival d’Annecy en 2014, ce chef-d’œuvre confirme l’émergence d’un cinéma d’animation brésilien très créatif, en marge des studios d’animation américains. Le réalisateur, Alê Abreu, raconte le cycle d’une vie à travers le regard d’un enfant, et exprime une critique des dictatures latino-américaines et de la société de consommation.
Hautement poétique et onirique, reposant sur le principe du kaléidoscope, Le Garçon et le monde, sans paroles, reconstruit cette vie sous forme de puzzle, où se mêlent rêves et souvenirs, motifs réalistes, futuristes, idylliques ou cauchemardesques. Lumineuse, colorée et joyeuse, la nature, comme la musique, contraste avec le sinistre monde moderne, en proie à la dictature du commerce et de la publicité. Virtuose, Alê Abreu a composé une sorte de symphonie visuelle, soutenue par des musiques brésiliennes de qualité égale, qui réunissent Nana Vasconcelos, Barbatuques et Emicida.
Avec des pastels à l’huile, des crayons de couleur, des feutres, du stylo à bille, de la peinture et des collages de journaux, il a créé une harmonie stupéfiante, avec un trait à la fois naïf (comme celui de Rita et Machin d’Oliver Tallec), symbolique (à la façon du Micro Loup de Richard McGuire) et pop art (à la Richard Hamilton). Maîtrise des couleurs, utilisation judicieuse et symbolique du blanc et du noir, d’images en kyrielles, en kaléidoscope : Abreu gère remarquablement les changements de rythme. Le Garçon et le monde fait partie de ces œuvres qui demandent une attention soutenue : comme un livre d’images sans texte, il se décrypte, et ce décryptage procure un grand plaisir, car le sens se trouve dans les détails.
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