Kid (Le)
Résumé du film
Au sortir de l’hôpital, seule et éplorée, une mère abandonne son bébé dans une limousine. La voiture est volée, le nourrisson à nouveau abandonné près d’un tas d’ordures. Charlot qui le découvre se voit contraint de le recueillir : un policier le surveille ! En parallèle, la mère, prise de regrets, ne retrouve plus son fils. Aussitôt la décision d’adoption prise, Charlot se révèle un père aimant, attentionné et compétent.
Cinq ans plus tard, même s’il entraîne le gamin dans un petit trafic (l’enfant casse des vitres, il les répare), Charlot l’élève selon certains principes : propreté, prières, savoir sur la bagarre, etc. Entre-temps, la mère est devenue une vedette célèbre qui apaise ses remords en faisant la charité dans la cour de l’immeuble où habitent père et fils adoptif. Elle croise ainsi cet enfant dont elle ignore qu’il est le sien. Un médecin appelé au chevet de John découvre qu’il n’est pas le fils biologique de Charlot. Le directeur de l’orphelinat récupère donc le gamin mais Charlot arrive à le délivrer. Ils s’enfuient dans la nuit, sans logis désormais. La mère qui a reconnu le mot qu’elle avait glissé dans les langes de son fils lance un avis de recherche avec récompense. Le patron de l’asile où les deux fugitifs ont trouvé refuge le repère et il livre l’enfant au commissariat où la mère vient le chercher. Charlot, épuisé de douleur, s’endort sur le pas de sa porte. Il fait un rêve : dans la cour devenue paradisiaque, le Mal, la Jalousie s’infiltrent. Il est abattu et John le pleure. À ce moment, un policier le réveille et l’emmène manu militari à la maison de la mère dont la porte se referme sur la petite famille que l’on dirait aujourd’hui recomposée.
Pourquoi ce film a été choisi
Par Christian Berger des Fiches du Cinéma,
“Un film pour sourire et peut-être pour pleurer” avertit Chaplin en exergue de son premier long métrage. The Kid connut dès sa sortie, dans le monde entier, un triomphe qui ne se démentit jamais. C’est que dans ce film, où il évoquait certainement ce que furent les conditions de son enfance, Chaplin manie avec une précision de mise en scène, une maîtrise impressionnante de l’ellipse et de l’efficacité dramatique.
Tout ce qui peut séduire le spectateur, du plus jeune au plus âgé (peu de films peuvent se vanter d’être autant “tous publics”), sans jamais le flatter ni lui complaire : un double miniature de “Charlot” (Jackie Coogan, extraordinaire), un réalisme volontairement surréel, une intemporalité de conte (les personnages n’ont pas de nom), une satire sociale et une dénonciation des injustices de l’“ordre” des riches subtilement acerbes, un discret plaidoyer humaniste qui irriguait déjà Une vie de chien (1918), avec, là aussi, le happy-end qui soulage...
Les séquences mélodramatiques (et mélodrame n’est pas synonyme de médiocrité), le kitsch de la séquence de rêve, qui en devient hautement poétique, sont ici pleinement assumés et dominés. C’est d’ailleurs Chaplin qui a le mieux éclairé son film : “je voulais depuis longtemps faire un film sérieux qui, parmi beaucoup d’incidents comiques ou burlesques, cachât une ironie éveillant la pitié avec un sens de la satire soulignant les côtés les plus bouffons” (propos rapportés dans l’inégalé Chaplin de Pierre Leprohon, 1970).
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