Mécano de la General (Le)
Résumé du film
Poussé par un double amour fou envers sa martiale locomotive à vapeur (la « General ») et sa fiancée inaccessible comme une héroïne sudiste de poème romantique (Annabelle Lee), le pacifique et falot Johnnie Gray (« Jean Gris ») dont le métier est de relier par chemin de fer le Sud au Nord et inversement, se trouve sommé par le destin de s’engager dans la guerre de Sécession. Lorsqu’il veut s’enrôler avec les Sudistes pour plaire à sa belle, on le refuse à cause de son métier trop utile : elle le croit lâche et ne l’aimera, déclare-t-elle, qu’« en uniforme ». Un an plus tard (nous sommes en 1862), des espions nordistes s’emparent de son train en même temps que d’Annabelle qui se trouvait là, dans le but de remonter vers le front et vers leur camp, au Nord, en sabotant la voie derrière eux. À leur poursuite dans une autre locomotive, Johnnie se retrouve en territoire ennemi, espionne l’état-major, délivre Annabelle, s’habille en Nordiste et refait avec elle le chemin vers le Sud à bord de la « General », poursuivi cette fois-ci par deux trains ennemis. Après avoir enfin endossé un uniforme du Sud, il prévient les siens, contribue à la déroute de l’Union lors de la bataille de Rock River Bridge, capture un général nordiste et triomphe au finale sur le plan militaire autant qu’amoureux.
Pourquoi ce film a été choisi
Par Benjamin Untereiner des Fiches du Cinéma,
Le Mécano de la Générale, classique indémodable plusieurs fois réédité et huitième long métrage de Buster Keaton, est probablement la plus éclatante réussite de son auteur. Ceci pour plusieurs raisons. Tout d’abord, les moyens importants mis à sa disposition par le producteur Joseph M. Schenck ont permis à Keaton d’utiliser de nombreux figurants et surtout de véritables locomotives, ce qui participe de son effet spectaculaire.
Par ailleurs, le film mêle avec un savoir-faire impeccable le comique burlesque et le film d’aventures, au sein d’un récit organisé en trois temps: poursuite aller, poursuite retour et bataille finale. Les gags font appel aux ressources acrobatiques de Keaton, véritablement impressionnantes, et la mise en scène exploite toutes les possibilités du décor ferroviaire (ponts, aiguillages, décrochage de wagons, etc) afin de créer de l’humour et du suspense dans un même mouvement.
Comme à son habitude, Keaton interprète un personnage loyal et courageux, qui ne recule devant aucun danger, aucun obstacle, pour sauver à la fois sa locomotive et sa fiancée. Ce courage et cette ingéniosité seront finalement récompensés par l’armée, mais le propos du film est justement de montrer l’absurdité de la guerre (les soldats tués qui tombent comme des pantins), dans laquelle Johnnie Gray trouve sa place non par patriotisme ou sentiment belliqueux, mais par fidélité à son amour et à son métier. Récit haletant, réalisation fluide et dynamique, inventivité visuelle constante: Le Mécano de la Générale n’a pas pris une ride et se regarde, près d’un siècle après sa création, avec toujours autant de plaisir.
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