Peuple Loup (Le)
Résumé du film
Nous sommes au XVIIe siècle, au temps de la conquête de l’Irlande par l’armée anglaise de Messire Protecteur, un commandant terrifiant et sanguinaire. Robyne a 10 ans et accompagne en Irlande son père Bill, chasseur de loups au service de Messire Protecteur. Quand ils arrivent dans la cité de Kilkenny, entourée d’une vaste forêt, Bill est très occupé par sa mission. Contre l’avis de son père, Robyne rêve de devenir chasseuse à son tour.
Alors que Robyne s’est aventurée seule dans les bois, elle fait la connaissance de Mève, une petite fille intrépide et libre dont elle découvre le secret : Mève est une Wolfwalker, comme sa mère Moll, et se métamorphose en louve dans son sommeil. Quand Robyne se transforme à son tour en Wolfwalker après une morsure de Mève, les deux filles-louves deviennent très amies. Elles gambadent ensemble la nuit dans les bois et promettent de se revoir. Mève confie à Robyne qu’elle s’inquiète car Moll est partie seule en louve et ne revient pas. Robyne promet de l’aider à la retrouver.
En travaillant au château de Messire Protecteur, Robyne découvre que le commandant a capturé Moll et la retient dans une cage. Comment faire pour la libérer ? Comment vivre en sécurité quand on devient soi-même l’animal traqué par son propre père ?
Pourquoi ce film a été choisi
Par Hélène Hoël, responsable jeune public et scolaires au cinéma Le Concorde à La Roche-sur-Yon (85) et coordinatrice École et cinéma & Collège au cinéma en Vendée
Le film aborde les questions de la condition des femmes à l’époque du 17e siècle mais qui fût vrai encore très récemment. On le découvre surtout à travers le personnage de Robyn, jeune fille dévouée et sous l’autorité de son père, sans liberté aucune, et dont la transformation en louve va lui permettre de s’affranchir de sa condition, d’aller au-delà, et de s’ouvrir à l’inconnu.
Le film se déroule dans une époque particulièrement dure, qui a vu s’enchainer des climats défavorables, des guerres, des famines. Les populations et les animaux avaient faim, et les loups s’approchaient plus facilement des villages suscitant une peur croissante envers l’animal. Cette peur du loup a nourri un grand nombre de contes, fables et des superstitions que le film va déconstruire. Il est intéressant d’étudier à la fois les représentations du loup, comment elles évoluent dans le temps et pourquoi il a pu et suscite encore des peurs.
Un lien peut notamment être fait avec le documentaire de Jean Michel Bertrand Marche avec les loups (2018) qui figure dans le catalogue École et Cinéma, où l’approche du loup est tout autre (documentaire contemporain, où l’homme est en quête d’un animal devenu rare).
Cette trilogie de Tomm Moore est imprégnée et inspirée des contes et légendes celtes ainsi que de l’esthétique celtique qui en découle. Le dessin de Tomm Moore allie des formes géométriques, avec des traits anguleux pour la ville fortifiée et au contraire des courbes et des volutes pour la représentation de la forêt. Il y a aussi un travail sur l’architecture de la ville, et la conception de la forêt qui explique l’impact de l’environnement sur les individus et personnages du film.
Tomm Moore dit aussi s’être beaucoup inspiré d’artistes de la Sécession Viennoise dont fait parti Gustav Klimt, et on retrouve ici en plus du travail sur les motifs, un travail sur la couleur qui fait encore fois penser à l’enluminure du Moyen Âge, l’un des motifs et sujets de Brendan et le secret de Kells.
Pour ceux qui ne l’ont pas vu, Le Peuple loup, c’est un réel enchantement, la végétation est luxuriante, chaleureuse, une véritable ode à la nature, malmenée par l’homme. La découverte du film est une véritable expérience sensorielle, qui est amplifié par la bande originale composée par Bruno Coulais, très grand compositeur de musique de film (tous films de Tomm Moore, Microcosmos, Le Peuple Migrateur, Coraline...).