Où est la maison de mon ami ?
Résumé du film
À l’école, Nématzadé pleure, sous le regard de son meilleur ami, Ahmad. Il a oublié son cahier et, cette fois-ci, le maître s’est fâché. Si Nématzadé l’oublie encore une fois, il sera renvoyé de l’école ! En sortant, l’enfant tombe. Ahmad l’aide à se nettoyer, et emporte, par mégarde, le cahier de son ami. Rentré à la maison, il s’en aperçoit et, très inquiet, demande l’autorisation à sa mère d’aller le rapporter. Mais la réponse est non : il doit faire ses devoirs et s’occuper du bébé. Ahmad profite qu’on lui confie une course pour s’enfuir. Le voilà parti, en courant, à la recherche de la maison de Nématzadé. Celui-ci habite très loin du village d’Ahmad. Il faut marcher, marcher, et Ahmad n’a aucune idée de l’endroit où se trouve cette maison. Il cherche et demande dans tous les villages voisins. En vain. Un vieux menuisier va l’aider, dans la nuit déjà tombée. Il le guide, lui montre la beauté des fenêtres forgées qui se découpent sur le ciel... Il offre une fleur à l’enfant. Ahmad rentre bien tard chez lui et fait les devoirs de son ami. Le lendemain, il rapporte juste à temps le cahier à Nématzadé. À l’intérieur, se détache la petite fleur, signe de la longue marche qu’Ahmad a faite, par amitié, à la recherche de son ami.
Pourquoi ce film a été choisi
Par Eléonore Magnin, coordinatrice École et cinéma de l’Aisne.
Dans le catalogue Ecole et cinéma, on trouve des titres par dizaines : certains courts, d’autres longs, certains citant des lieux, d’autres des prénoms et puis… un point d’interrogation. Une question posée comme une énigme, aussi évidente que mystérieuse, aussi poétique que philosophique. Abbas Kiarostami, qui réalise Où est la maison de mon ami ? en 1987, emprunte d’ailleurs son titre au grand poète iranien Sohrad Sepehri.
Il n’en fallait pas plus pour me donner envie de découvrir l’histoire qui se cache derrière ces mots.
Cette question, c’est le petit Ahmad qui la pose sans relâche aux personnes qu’il croise. Le film raconte son parcours, alors qu’il part à la recherche de son ami Nematzade, à qui il a pris un cahier par mégarde. S’il ne fait pas ses devoirs dans ce cahier, son camarade sera renvoyé de l’école.
Par la grande simplicité de son histoire autant que de son dispositif cinématographique, le film peut déconcerter. Certain·es enfants ont d’abord déclaré s’être ennuyé·es pendant la projection. Puis, le film, comme Ahmad, a fait son chemin. Ils·elles se sont interrogé·es sur le petit héros, ont cherché à comprendre ses motivations. Il faut prévenir les spectateur·rices qu’ils·elles auront un rôle dans le film : celui de détective ! Car Où est la maison de mon ami ?, comme son nom l’indique, est une enquête, un film à suspense.
On retrouve les indices grâce à une réalisation particulièrement maîtrisée. L’intensité de l’histoire se lit sur le visage expressif du garçon, filmé de près, dans les sons du vent qui souffle ou du chien qui aboie… et surtout dans les plans très longs. Grâce à eux, les enfants ont eu le temps de dépasser l’obstacle de la langue, développer leur empathie et se retrouver dans le personnage.
Kiarostami se place à hauteur d’enfant pour nous faire partager la détresse d’Ahmad, confronté à des adultes indifférents. Sa mère lui interdit de sortir sans avoir fait ses devoirs puis lui demande de l’aide dans les tâches ménagères, son grand-père l’envoie chercher des cigarettes dont il n’a pas besoin… Le dilemme moral auquel il fait face a fait réagir les jeunes spectateur·rices. Droit ou devoir, sentiment d’injustice… L’amitié, à quel prix ? Qu’est-ce que le courage ? À quoi sert l’école ? Autant de questions essentielles que pose le film et qui peuvent facilement mener à un débat philosophique.
En une heure à peine, Où est la maison de mon ami ? nous installe dans le quotidien d’un petit village de campagne du Nord de l’Iran. Partager ce film, c’était aussi, pour moi, transmettre le goût de ce grand pays de cinéma qu’est l’Iran et le goût d’y voyager à travers ses récits filmés.