Paï
Résumé du film
Un petit village maori, sur la côte Est de la Nouvelle-Zélande. Dans le village, le statut de chef se transmet, depuis toujours, à un héritier mâle. Paka, le chef spirituel du village, est âgé, et son fils Porourangi a depuis longtemps choisi de s’exiler en Europe. L’épouse de Porourangi est décédée en donnant naissance à une fillette, Paï, dont le frère jumeau est mort au moment de l’accouchement.
À douze ans, Paï vit en compagnie de ses grands-parents, mais entretient une relation difficile avec son koro, qui désire avant tout qu’un héritier puisse prendre sa succession. Lors d’un bref retour au pays de Porourangi, Paka en vient même à soutenir que la fillette ne lui est d’aucune utilité, et que son père peut l’emmener avec lui. Le lendemain, Paï exige pourtant que son père fasse demitour, sur la route du départ : elle se sent mystérieusement appelée par l’océan, par les ancêtres. Son koro ne se montre cependant guère enthousiasmé par ce retour. Paka a décidé de fonder une « école de la tradition », afin de former et choisir le nouveau chef spirituel. Exclue de cette école, la petite Paï mène toutefois à bien une initiation solitaire : elle observe à la dérobée les leçons de Paka, et apprend le maniement du bâton sacré, le taiaha, en compagnie de Rawiri, son oncle. L’apprentissage des garçons conduit à un échec : aucun n’est capable, en mer, de repêcher un pendentif jeté par Paka. Quelques jours plus tard, Paï parvient quant à elle à arracher le reiputa aux profondeurs de l’océan...
Pourquoi ce film a été choisi
Par Christophe Calzado des Fiches du Cinéma,
Les légendes maories sont nombreuses. C’est à New York, où il séjournait en 1985, qu’Ihimaera écrivit l’histoire de Paï, pour faire plaisir à ses filles qui en avaient assez de voir toujours des garçons dans les rôles héroïques. C’est la jeune réalisatrice Néo-Zélandaise Niki Caro (dont le premier film, Memory and Desire, avait été présenté à la Semaine de la Critique à Cannes en 1998) qui fut chargée de mettre le roman en image.
Paï est une histoire à la frontière entre la tradition et la modernité : s’appuyant sur une légende et les hommes chargés de la faire perdurer, elle témoigne du rôle social dévolu aux femmes et de leur juste combat pour une reconnaissance pleine et entière de leurs droits et devoirs. Le rapport entre la grand-mère et la petite Paï, et le regard commun qu’elles portent sur les hommes, fait partie des plus beaux moments du film: une complicité féminine que la réalisatrice révèle avec élégance. L’initiation des garçons, avec ses rites dansés et grimaçants, sont de superbes scènes qui ont valeur ethnographique. Pour le reste, la réalisation est sage mais efficace, assurant une fluidité appréciable à une histoire qui devrait ravir les adultes autant que les enfants. Le rapport de la petite fille avec son père, toujours fuyant, est une autre facette de cette histoire touchant toutes les générations.
Un film original, où la légende côtoie le présent, où les enfants parlent aux baleines, et font preuve d’une sagesse inconnue des hommes.
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