Sidewalk Stories
Résumé du film
En marge du quartier des affaires et des foules pressées, vivait en ce temps-là à New York un jeune artiste, qui tentait de gagner sa vie en croquant sur le trottoir le portrait des passants. Vivant de peu, même au cœur de l’hiver, il avait élu domicile dans un immeuble abandonné. Un soir, au détour d’une ruelle, il recueille une fillette, dont le père vient d’être assassiné. Il l’adopte et se débrouille tant bien que mal pour la nourrir, la vêtir et la loger. Leurs aventures, souvent cocasses, parfois un peu amères, mais toujours empreintes de tendresse, leur font arpenter les trottoirs, les asiles de nuit, les bibliothèques et les jardins publics, mais également l’appartement luxueux d’une riche jeune femme. Lorsque la fillette retrouve enfin sa mère, l’artiste s’efface : il ne lui reste rien, pas même l’immeuble en ruine qui l’abritait. Et, le conte achevé, il réalise que le trottoir a l’odeur, le goût d’acier de la réalité.
Pourquoi ce film a été choisi
Par Françoise Maurin
coordinatrice éducation nationale École et cinéma (Gard)
Sidewalk stories fait partie des films que nous avions toujours écarté en raison d’une ou deux scènes « délicates ». Et puis il y a 4 ans, j’ai eu l’opportunité de tenter une expérience une peu particulière: l’accompagnement à distance de ma fille, professeur d’école stagiaire dans une autre académie qui avait programmé ce film.
Débuter le métier d’enseignant n’est jamais simple. Dans une classe de CM2 difficile, cela peut s’avérer complexe. Rapidement les projets artistiques et les débats philosophiques ont été privilégiés pour construire un climat de classe serein et permettre à ces élèves d’apprendre à regarder le monde dans son altérité, et tenter de le comprendre du haut de leurs 10 ans.
Ces « histoires de trottoirs » les ont immédiatement plongé dans la monotone réalité des New-Yorkais des années 90. Début de journée glaciale à Manhattan, solitude des individus dans la foule, avec en contrepoint une scène de dispute, pitoyable et cocasse, pour obtenir un taxi. Puis rencontre avec le personnage principal, un jeune portraitiste noir, dans un superbe plan séquence - galerie des artistes de rue : ventriloque, jongleur, danseur, magicien, en un long travelling. Le film, par le noir et blanc, le muet, la musique originale, le burlesque, provoque curiosité et questionnements chez les élèves. Ils arrivent au cinéma prêts à vivre pendant 1h 40 avec ces « urbains » et les sans–abris en toile de fond. À travers le regard du héros, ils découvrent sa relation de « père par intérim » vis-à-vis de la petite fille qu’il va recueillir un temps, et son histoire d’amour débutante avec une jeune femme d’un autre milieu que lui. Histoire universelle de rêve d’une vie meilleure, d’une relation d’amour sincère, d’une relation filiale avec un enfant, d’un foyer, de chaleur, de dignité humaine... Émouvant écho avec Charlot et son Kid, dans un univers lui aussi, poétique, décalé, juste et profond. Les élèves ont ressenti tout cela avec acuité et ont pu mettre des mots face à l’ambiguïté des sentiments, émotion et tristesse, prise de conscience, images qui pouvaient les mettre mal à l’aise mais qui évoquent leurs questions secrètes, conscientes ou pas de pré-adolescents. Sans occulter la place du cinéaste dans la société : montrer, raconter, dénoncer, faire réfléchir. Les élèves ont été passionnés par le parcours de Charles Lane, à la fois acteur principal et réalisateur.
Ce film les a marqués et bouleversés. Il a été important dans les débuts professionnels de ma fille.
Nous avons ainsi programmé dans le Gard Sidewalk stories en 2018-2019 et cela a été un moment fort dans ma vie de de coordinatrice.