U
Résumé du film
Une toute petite princesse perdue dans un royaume désolé près de la mer voit, un jour de sa vie d’enfant solitaire et sinistre, dans son donjon vide et rempli d’escaliers, apparaître une amie née de ses pleurs, et qui porte, pour cette raison, le nom de son cri plaintif (uhhh, uhhhh) : « U », tout simplement. U est une licorne blanche et douce, née pour la protéger. Devenue une belle jeune fille très grande et très mince, avec d’interminables oreilles de chien, Mona ne pleure plus. Elle est devenue optimiste et commence à se trouver belle. L’arrivée dans la forêt d’une famille de manouches (migrants et musiciens) : deux parents lapins et des enfants de toutes les races, un lézard, une souris, un loup et un chat, tous très humains... l’intéresse beaucoup. Surtout le chat guitariste, Kulka, qui a son âge et sait comment on embrasse quand on est grand (incroyable mais vrai : avec la langue !) U sent venir sa fin, elle épie les amours naissantes de Mona et Kulka, rapetisse quand ils commencent à parler la même langue, celle de l’amour partagé, et s’envole comme un fétu de paille malgré l’autre amour que lui porte Lazare le lézard. Mona et Kulka s’embarquent pour le voyage de la vie, par la terre ou par la mer, comme « une bouée attachée à une corde de guitare », tandis qu’U minuscule revivra (seulement pour ceux qui n’auront pas quitté leur siège avant la fin du générique !).
Pourquoi ce film a été choisi
Par Michael Ghennam des Fiches du Cinéma,
U est une histoire simple et magique à la fois. Simple par le sujet qu’elle traite : le passage à l’âge adulte, le moment où les certitudes de l’enfance disparaissent. Magique, dans la manière dont Grégoire Solotareff (auteur-illustrateur réputé pour ses albums pour enfants) et son compère Serge Elissalde (réalisateur avec lequel il avait déjà collaboré sur le programme Loulou et autres loups) approchent ce sujet. Sans fausse naïveté enfantine, en évitant méthodiquement la mièvrerie, les deux auteurs signent une œuvre d’animation à part.
U ne fait pas appel aux techniques d’animation modernes : pas d’images de synthèse ici... Et c’est tant mieux ! Sans renier le style Pixar, qui a su réconcilier critique et public et retrouver la magie fédératrice des premiers dessins animés, ou de remettre en cause le choix de Michel Ocelot de passer au “tout numérique” avec Azur et Asmar (sorti quelques semaines après U), Solotareff et Elissalde creusent leur propre sillon. Leur style est plus traditionnel, mais tout aussi frais, et incroyablement spontané. Pinceaux, feutres... les effets numériques passent au second plan, l’essentiel du travail étant effectué avec des procédés plus artisanaux. Le résultat est flamboyant : U est un festival de couleurs, d’une poésie de tous les instants, où les personnages prennent vie.
À l’unisson, la musique (signée Sanseverino) et les dialogues ciselés de Solotareff et Elissalde font de cet apprentissage de la vie un doux poème, très accessible aux plus jeunes, qui se laisseront emporter par la vitalité des voix d’Isild Le Besco et Vahina Giocante.
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