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Un animal, des animaux

Nicolas Philibert | 1995 | France

Résumé du film

Un grand musée fermé... puis l’on s’active : différents professionnels travaillent à le remettre en état, aussi bien le bâtiment lui-même que ce qu’il contient, des animaux naturalisés.

La naturalisation est un procédé de conservation dont on voit certaines opérations dans le film : on évide l’animal pour n’en garder que la peau, puis on le remplit de différents matériaux, et on le nettoie, le peigne, le repeint, bref, on lui fait une véritable toilette de beauté.

Enfin, on le place selon une place précise dans une grande caravane qui permet de comprendre comment les animaux ont évolué au long de l’histoire de la terre : le musée s’appelle la Grande Galerie de l’évolution.

Maintenant, il peut ouvrir et recevoir le public.

Pourquoi ce film a été choisi

Par Ariane Desneaux des Fiches du Cinéma,

Ce film au titre énigmatique est le témoignage exemplaire d’un événement sans grande envergure médiatique, mais pourtant loin de l’anodin : le Muséum d’histoire naturelle fermé depuis 1965 pour vétusté, abritant des animaux en cours de détérioration est l’objet d’un vaste projet de rénovation dans les années 90, qui aboutit à la réouverture de la galerie dite "de l’évolution" en 1994. Après Le Pays des sourds (1994) Nicolas Philibert -prévenu par René Allio chargé de la mise en scène de cette exposition- va filmer le travail de toute une équipe chargée du déménagement des animaux, le temps de remettre à neuf les bâtiments, ainsi que leurs multiples entretiens et "liftings".

Les "peintres en éléphants, épousseteurs de papillons, succèdent aux rempailleur, emplumeurs, rétameurs de rhinocéros, assembleurs de diplodocus, peigneurs de girafes" (expression d’H.Le Roux). Les uns recollent quelques poils, les autres réajustent une paire d’yeux de verre. Bien au-delà du simple document, l’auteur s’attache surtout à filmer, au travers de cette mise en scène, le rapport des hommes dans leur travail à l’idée phénoménale que représentent ces animaux empaillés, le rapport d’eux-mêmes à l’Histoire de leurs ancêtres dont ils prennent soin avec amour. "Ce film n’est rien d’autre qu’un film de famille" nous dit l’auteur.

Les gestes et les discussions prouvent cette conscience de l’Humanité, pour le savoir, pour l’éternité du temps préservé (animaux figés dans un mouvement choisi, étudié). La finesse et la dimension de ce petit film lumineux tiennent dans la prouesse de faire revivre un instant, par un angle, l’expression d’un animal, ce que recherche justement l’équipe du Muséum. L’extraordinaire casting laisse une place à l’Homme en queue d’exposition, et le film les fait se confondre, se ressembler. Car la caméra cherche autre chose que ce simple événement : par effraction de ce petit monde, il en montre l’étrangeté et l’étrange ressemblance physique des attitudes entre les manipulateurs et les manipulés. Le spectateur ne peut qu’être saisi par ce réalisme fantastique, troublant.

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Textes issus des Fiches du Cinéma
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