Wadjda
Résumé du film
Dans une banlieue de Riyad, Wadjda, douze ans, vit avec sa mère. C’est une fillette débordante d’énergie, vêtue de jeans et de Converses qui écoute du rock dans sa chambre et ne rêve que d’une chose : s’acheter le beau vélo vert afin de faire la course avec son ami Abdallah.
Mais en Arabie Saoudite, les bicyclettes sont réservées aux hommes: elles représentent une menace pour la vertu des jeunes filles. Wadjda se voit donc refuser par sa mère la somme nécessaire à cet achat. Déterminée à trouver l’argent par ses propres moyens, elle décide alors de participer au concours de récitation coranique organisé par sa Madrasa (école), bien décidée à gagner la somme tant désirée !
Pourquoi ce film a été choisi
Par Marie Toutée des Fiches du Cinéma
Première femme réalisatrice d’Arabie Saoudite, Haifaa Al Mansour est considérée comme une personnalité reconnue du royaume wahhabite. Wadjda est son premier long métrage, réalisé dans son pays avec un casting exclusivement saoudien. À partir de l’histoire simple d’une fillette espiègle et rebelle désirant acquérir un vélo, la réalisatrice dresse le portrait de la condition des femmes saoudiennes. Wadjda, comme toutes les filles, est interdite de vélo (comme sa mère de conduire une voiture). C’est à partir de ce désir insensé que le scénario se construit. À la manière de Vittorio de Sica avec Le Voleur de bicyclette, ou plus récemment Jafar Panahi avec Le Miroir, Haifaa Al Mansour revendique, à travers le rêve universel d’une enfant, une ouverture sociale pour ses congénères. Partagée entre son univers scolaire et familial conservateur (malgré la complicité de sa mère), Wadjda doit surfer sur les codes sociaux pour arriver à ses fins : ne pas rire aux éclats ni regarder les hommes, ni écrire ou écouter des poèmes d’amour, ni toucher le Coran si elle à ses règles, ni le laisser ouvert (sinon “Satan crache dessus”). Les femmes ne dînent pas avec les hommes, supportent leur polygamie et doivent à l’extérieur revêtir l’abaya noire et le hijab traditionnels sur leurs vêtements modernes... Le point fort du film réside dans le concours de récitation coranique dont le prix permettrait à Wadjda d’acheter le vélo malgré l’interdit. Une mise en scène diablement efficace, sans mièvrerie ; la tension est à son comble au jour J, amplifiée par la sentence de la directrice apprenant le dessein d’une fillette très attachante. Un vrai plaisir instructif.
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