Zéro de conduite
Résumé du film
Finies les vacances. La veille de la rentrée ne tourmente pas trop Caussat et Bruel qui se retrouvent dans le train. Que c’est bon de fumer des cigares dans le compartiment « non fumeurs » ! Sur le quai de la gare, c’est moins drôle. Il fait nuit. Moment lugubre. Ils retrouvent Colin avec plaisir. Le surveillant Pète-Sec avec moins de plaisir. Bruel ne s’y trompe pas : « Regarde Monsieur Pète-Sec, on ne rigolera pas encore cette année. » Et si cette fin d’année réservait quelque surprise ? Première nuit au dortoir, déjà un puni. Premier matin, trois punis, toujours les mêmes, Bec-de-Gaz n’hésite pas : « Bruel, Caussat, Colin, zéro de conduite, consignés dimanche. » Pendant une récré, les trois préparent un complot. Le pion Huguet les laisse faire, il amuse la cour en imitant Charlot. La classe forme les rangs pour la sortie en ville. Huguet devance sa troupe. Il suit une femme qui sort de chez elle. La classe suit Huguet en courant. Mauvaise surprise : au coin d’une rue, la dame élégante est devenue un curé ! Les haricots volent bas au réfectoire. En classe, Tabard dit merde à son professeur. Ça barde. Le Principal exige des excuses. Tabard tient bon, réédite son exploit et répète merde à son professeur. Au dortoir, la révolte gronde. Tabard emmène tous les mutins. Une formidable bataille de polochons met le feu au dortoir. Tabard, Caussat, Bruel et Colin attachent Pète-Sec dans son lit. Le lendemain, jour de la fête de fin d’année, les quatre grimpent sur le toit du collège et s’évadent vers le ciel.
Pourquoi ce film a été choisi
Par Jef Costello des Fiches du Cinéma
Ne serait-ce que pour sa valeur documentaire,le deuxième film de Jean Vigo constitue un témoignage inestimable sur le folklore collégien d’il y a quatre-vingts ans. Le blues du retour à l’internat, les éternels : “Caussat, Colin, Bruel ! Consignés dimanche !”, les blagues dont sont victimes les professeurs, comme les abus dont sont victimes les enfants. Ces scènes de la vie de collège sont racontées ici sur le ton de l’insolence et de la fantaisie. Peu ou prou, dans le domaine potache, comme dans la nature des relations entre élèves, les choses n’ont pas beaucoup évolué. Bien sûr, aujourd’hui, les professeurs sont plus sympas, et les élèves, plus sérieux. Mais ce qui frappe le spectateur d’aujourd’hui devant Zéro de conduite, c’est que la peur a changé de camp.
En 1933, pour Vigo, l’institution scolaire est un lieu d’oppression et d’asservissement, sous la coupe conjointe des autorités religieuses, militaires et politiques. Les enfants sont tourmentés par la malhonnêteté des adultes, leurs penchants pédophiles. C’est contre cet empêchement à exister qu’ils livrent bataille. La fibre anarchiste du réalisateur se fait entendre dans le final du film, révolte joyeuse et conquérante des enfants (qui bénéficient pour la première fois d’un regard qui se met à la hauteur de leur univers) contre les représentants de l’autorité. Aujourd’hui, le sentiment d’insécurité est plutôt ressenti par les professeurs. L’indiscipline et l’incivisme collégiens sont vus comme menaçant les valeurs défendues par l’école, point de focalisation des tensions communautaires et politiques. Malgré ce renversement, se dégage tout de même une constante : l’école n’est toujours pas un lieu pacifié.
Les Fiches du Cinéma chroniquent, depuis 1934, tous les films de long métrage qui sortent sur les écrans français. Retrouvez cette immense base de données patrimoniale sur fichesducinema.com
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