Ma vie de Courgette
Résumé du film
Courgette, un petit garçon de 9 ans, rejoint un foyer pour enfants qui, comme lui, « n’ont plus personne pour les aimer ». Personne ? C’est compter sans Simon, Ahmed, Jujube, Alice et Béatrice, et aussi Camille, dont il tombe amoureux. Pour la sauver des griffes de sa méchante tante, la bande de copains fait preuve de ruse et d’entraide. Le sauvetage de Camille leur permet de devenir une véritable famille, à leur manière.
Pourquoi ce film a été choisi
Par Audrey Pailhes, coordinatrice École et cinéma
et directrice adjointe du cinéma Jean Eustache (Pessac).
S’exprimant au sujet de son film U, Grégoire Solotareff disait : « J’ai voulu réaliser un drame psychologique pour enfants. Mes enfants m’ont souvent posé des questions sur la mort, la séparation, l’amour. Je n’ai jamais évité d’y répondre ; au contraire, j’avais envie de parler de cela mais sans que cela soit désespérant, ni exagérément joli ou plein de fleurs. La vie est la vie. ». Ma vie de courgette aurait pu, à n’en pas douter, inspirer de telles paroles à son réalisateur Claude Barras.
Trésor d’émotion et de poésie, pourtant sculpté dans l’argile de la tragédie, Ma vie de courgette est une leçon d’entraide, de courage et de résilience. À la loterie de la vie, Courgette (alias Icare, un petit garçon de 10 ans) a perdu. Ses amis du foyer aussi. Pourtant, le registre du film ne sera jamais celui du désespoir, de la cruauté ou de l’outrance pathétique. Rien ne pourra venir rompre la ronde, joyeuse et tendre – sans pourtant faire craindre l’excès inverse d’un optimisme béatement naïf –, à laquelle le petit héros du film va être invité, pour opposer aux violences de la vie un bouclier d’espoir et d’amitié.
D’une inventivité rare comme seul en recèle le cinéma d’animation, l’écriture et l’animation en stop motion produisent un effet de réel qui donne corps aux personnages, à leur quête et à leurs rêves. Accompagné de Céline Sciamma au scénario, Claude Barras libère la parole des enfants et met dans leur bouche des mots rudes et directs, dans lesquels se lit autant la dureté de leur vécu que leur innocence, - presque - toujours intacte malgré la gravité qui s’est trop tôt invitée dans leur vie. Mais la pudeur est aussi présente, logée au cœur de l’équilibre que le film parvient à maintenir entre humour potache et émotion pure. Des émotions qui passent avant tout dans les yeux, immenses, des petits protagonistes.
Les jeunes spectateurs s’attacheront à ces personnages qui ne demandent qu’à (re)trouver ce qui devrait être les seules préoccupations de leur âge, ces murs porteurs de l’enfance : la légèreté d’une liberté protégée, le confort insouciant d’un refuge pour se prémunir un temps des agressions de la vie, qui se révèlent bien assez tôt.
« Un film avec un sourire, et peut-être une larme » : ainsi s’ouvrait, il y a tout juste 100 ans, le magnifique The Kid de Charlie Chaplin. C’est dans cette alliance magique entre rire et émotion que le grand cinéma trouve, toujours aujourd’hui, sa capacité sans égale à marquer et transformer durablement les spectateurs, quel que soit leur âge.